Vautour – Alimentation
Pour la plupart des gens, le vautour est un animal qui fait peur. Il symbolise la mort. Son physique renforçant encore cette image. Pourtant, il a une fonction qui va bien au-delà du consommateur de cadavre qu’il semble être. Il remplit un rôle sanitaire vis-à-vis des espèces vivantes.
Son alimentation
On peut regrouper les vautours en trois catégories :
- Les vautours « tireurs-fouilleurs » se nourrissent des viscères et des muscles. Le vautour fauve en est le représentant le plus connu. D’ailleurs, l’ensemble de l’espèce du genre Gyps appartient à cette catégorie.
- Les vautours « déchireurs » aiment les parties les plus résistantes (peau, tendons, cartilages). Le vautour moine en fait partie.
- Les vautours « picoreurs » récupèrent en dernier les morceaux restants sur les carcasses. Le vautour percnoptère en est le meilleur exemple.
Comme on peut le constater, chacun des vautours a un rôle spécifique dans le « nettoyage » de la carcasse. C’est après le passage de l’ensemble des trois catégories de vautours que l’on aura une carcasse à l’état de squelette.
Pour faire disparaître le squelette, une dernière catégorie de vautour est présente : le gypaète barbu qui ne se nourrit principalement que d’os. Il les lâche en vol pour les faire tomber sur une pierre et les briser. Il peut ainsi les consommer.
La présence de chacun des différents types de vautours n’est pas indispensable. Ils sont capables de manger la presque totalité d’un cadavre.
Vautour fauve en plein repas
Comme tous les rapaces, les vautours produisent des pelotes de régurgitation. C’est par l’analyse de leurs compositions que l’on connaît leur alimentation.
De manière générale, les vautours européens semblent avoir une préférence pour les proies de grande taille :
- Ongulés domestiques (ovins, caprins, bovidés, équidés, porcins)
- Faune sauvage (isard, bouquetin, cerf, chevreuil, sanglier)
Le vautour fauve :
Il se nourrit exclusivement de charognes. La disparition des grands animaux sauvages (mouflons, chamois, bouquetins) de son territoire l’a obligé à se nourrir d’animaux domestiques (moutons, vaches…). Il peut lui arriver de manger le placenta des brebis.
On voit mieux ses serres qui lui permettent de tenir le morceau de viande qu'il mange
Le vautour moine :
Il se nourrit également de charognes. Il peut par contre se contenter des restes d’un lapin, d’un écureuil, de tortues, voir même certaines fois de lézards.
Le vautour percnoptère :
Il mange les restants des carcasses que ces congénères lui laissent. ll a toutefois beaucoup d’autres moyens de s’alimenter. Il se nourrit également d’escargots, de grenouilles, d’œufs d’oiseaux, mais aussi d’excréments. Il mange aussi la terre qui est gorgée de sang autour des cadavres d’animaux lors des curées.
Le repérage des carcasses
Après leur envol, les vautours se dispersent sur leur territoire. Ils sont rarement seuls. Ils gardent un œil sur leurs congénères proches d’eux. On estime que les vautours peuvent affluer à un point donné dans un rayon de 35 kilomètres.
La hauteur de prospection dépend de l’aérologie, mais également de la répartition des animaux. En présence d’un troupeau, les vautours auront tendance à voler plus bas pour pouvoir mieux repérer un cadavre.
Ils sont capables de faire la différence entre un animal mort et un vivant. La position couchée et l’isolement de l’animal semblent être de bons indicateurs pour les vautours.
La curée
La durée d’approche de l’endroit où se trouve le cadavre convoité est variable. De quelques minutes à plusieurs jours. Les vautours sont très méfiants. Ils peuvent voler lentement autour de la carcasse pour vérifier les possibilités d’envol qu’ils auraient si un danger arrivait. Dans certains cas, ils n’iront même pas se poser et continueront leur recherche dans un autre secteur.
Par contre, si un seul vautour se pose, les autres suivront très rapidement. Si des corvidés sont présents autour du cadavre, les vautours descendront immédiatement. Ces oiseaux sont en effet très farouches. Ils ne se risquent à approcher une proie que quand il n’y a plus de danger. Ce sont donc de très bons indicateurs pour les vautours.
Une fois atterrit, les vautours peuvent attendre quelques minutes avant de commencer à manger. Cela leur permet de vérifier la quiétude du lieu. Toutefois, en période où la nourriture est rare, ils vont bien souvent se ruer sur la carcasse. La faim inhibe tout sentiment de sécurité.
On observe qu’une certaine hiérarchie est établie lors des curées. Les adultes sont les premiers à avoir accès à la carcasse. Viennent ensuite les subadultes puis les immatures. Il n’y a pas par contre de hiérarchie au sien des adultes et autres groupes. Le premier arrivé est le premier servi. En période de disette, un immature peut évincer un adulte. Ensuite, c’est chacun pour soi !
Les plus affamés seront ceux qui auront le dessus sur les autres vautours présents à la curée.
Leur comportement est très typé : cou tendu, ailes écartées, pattes dressées à l’horizontale témoignent d’une excitation et d’une volonté d’intimider ces congénères. Il peut être amener à frapper ses adversaires à coups d’ailes, de pattes voir de bec. Il peut même lui voler dans les plumes. Certains après s’être bien battus avec beaucoup d’autres vautours en oubli de manger. Ce comportement n’est toutefois pas justifié par une quelconque difficulté à se nourrir.
Quand un vautour a fini son repas, il s’envole ou se nettoie en se plongeant partiellement ou en totalité dans une mare d’eau afin d’enlever toutes les souillures de sang et de viandes qu’il a sur son plumage. Il restera ensuite les ailes ouvertes au soleil pour sécher son plumage.
Lors de certaines curées observées en Espagne, on a dénombré un total de plus de 500 vautours sur une seule carcasse.
Une brebis de 50 kg est nettoyée en environ 15 minutes. Il faudra par contre plusieurs heures pour une vache ou un cheval.
Les vautours ne sont pas les seuls animaux à s’intéresser aux cadavres d’animaux, on trouve également en fonction des régions où sont présents les vautours :
- Milans noirs, milans royaux
- Pies, corneilles, grands corbeaux
- Aigles royaux, ibériques, impériaux
- Pygargue à queue blanche
- Renard, chacal, chien, ours
Chaque espèce à un rôle spécifique. Ils se complètent et dépendent les uns des autres.
Certains vautours se gavent tellement qu’ils peuvent tout juste reprendre leur envol. Leur jabot est rempli de viande soit en prévision d’une période de pénurie soit pour nourrir le poussin qui les attend au nid.
Son rôle sanitaire
Le rôle sanitaire des vautours a été prouvé par des thèses vétérinaires. Aucun virus ou bactérie pathogène ne résiste à leur système de digestion. Il participe à limiter la propagation de certaines maladies et évite la contamination des eaux de source. Avant leur arrivée dans les Causses, les cadavres des animaux étaient jetés dans les grottes qui sont très souvent des passages de rivière qui alimentent en eaux les communes environnantes.
Sa morphologie
Son comportement
Eliotout Bertrand, Le vautour fauve, Delachaux et Niestlé - Sauer Frieder, Les oiseaux d'Europe, France Loisirs - LPO, Plan national de restauration du vautour percnoptère
- Wikipédia, vautour - Génsbol Benny, Guide des rapaces diurnes, Delachaux et Niestlé